En
2005, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a mandaté un comité
d'experts de la douleur chronique pour évaluer les options s'offrant à eux afin
de réduire l'impact de la chronicité chez les personnes victimes d'accidents de
la route et présentant des blessures musculosquelettiques.
De nombreux écrits
scientifiques ont été répertoriés par ce comité, ce qui a permis de démystifier
quelques faits sur la chronicité, tout en établissant des stratégies pour les
personnes qui ont déjà atteint la chronicité.
Facteurs de risque
Contrairement à ce que l'on
peut penser, la gravité d'une blessure joue un rôle négligeable dans le
développement de la chronicité. Les facteurs psychosociaux seraient de bien
meilleurs facteurs pour prédire d'éventuels symptômes de douleur et d'incapacité
chronique. Malgré cette découverte, il n'existe pas d'outils permettant de
dépister de façon rigoureuse et constante le développement de la chronicité.
Certains facteurs ont toutefois été identifiés comme ayant une bonne valeur
prédictive de chronicité par les résultats des études scientifiques. Parmi
ceux-ci, ont retrouve:
- L'âge
- Le statut d'emploi
- Les attentes de la personne
face à son retour au travail
- La pensée catastrophique
- La peur face à la douleur et
au mouvement
Il peut arriver que des
facteurs d'ordre psychologique, comme la dépression, l'anxiété et la
toxicomanie, s'installent chez les patients traités pour une incapacité. Cela
ne représente toutefois pas une contre-indication à la participation à un
programme de réadaptation, particulièrement en ce qui concerne les programmes
basés sur l'activité physique, puisque ceux-ci sont fréquemment utilisés pour
traiter ce type de troubles psychologiques.
Dépistage des facteurs de
risque
Comme il est difficile de
mettre au point un outil de dépistage assez sensible pour retracer le faible
pourcentage (1-2%) d'individus qui développeront des symptômes de douleur
chronique, quatre facteurs ont été inventoriés comme étant de bons facteurs de
prédiction de chronicité, quatre semaines après l'accident:
- L'expérience de la douleur
- L'incapacité perçue par
l'individu
- La pensée catastrophique
- La kinésiophobie
Types d'intervention
Les interventions visant à
traiter les facteurs de risques psychosociaux liés à la chronicité doivent
minimiser le développement de symptômes prolongés ou l'absence prolongée du
travail. Dans cette optique, les intervenants auraient comme rôle d'informer la
personne accidentée afin de la rassurer sur sa condition, d'aborder les
craintes face à la réactivation et de limiter les effets de pensées
catastrophiques. Les interventions multidisciplinaires devraient donc être
priorisées dans de telles situations, puisqu'elles permettent d'aborder
différentes dimensions du problème de façon simultanée.
De plus, l'introduction rapide
d'un programme d'exercices thérapeutiques supervisé par un kinésiologue est recommandée,
dans le but d'exposer de façon graduelle la personne accidentée à des activités
et ainsi combattre l'installation de la kinésiophobie et des peurs
d'aggravation de la blessure. Cette méthode a aussi été démontrée comme étant
efficace pour réduire la douleur et améliorer l'état fonctionnel de la personne
accidentée, lui permettant ainsi de rapidement reprendre le travail et les
activités habituelles.
En conclusion, il est
primordial de dépister rapidement les personnes à risque de développer des
symptômes de douleur chronique et leur offrir un type d'intervention spécifique
aux facteurs de risque évalués. L'introduction d'un suivi multidisciplinaire
visant à prévenir ou à traiter les cas de kinésiophobie ou de pensée
catastrophique reste l'un des meilleurs moyens d'améliorer les chances d'un
individu de retourner à ses activités quotidiennes et de retrouver sa capacité
fonctionnelle, pour ultimement effectuer un retour au travail le plus
rapidement possible.
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