vendredi 15 février 2013

La chronicité: problématique biopsychosociale



En 2005, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a mandaté un comité d'experts de la douleur chronique pour évaluer les options s'offrant à eux afin de réduire l'impact de la chronicité chez les personnes victimes d'accidents de la route et présentant des blessures musculosquelettiques.

De nombreux écrits scientifiques ont été répertoriés par ce comité, ce qui a permis de démystifier quelques faits sur la chronicité, tout en établissant des stratégies pour les personnes qui ont déjà atteint la chronicité.

Facteurs de risque

Contrairement à ce que l'on peut penser, la gravité d'une blessure joue un rôle négligeable dans le développement de la chronicité. Les facteurs psychosociaux seraient de bien meilleurs facteurs pour prédire d'éventuels symptômes de douleur et d'incapacité chronique. Malgré cette découverte, il n'existe pas d'outils permettant de dépister de façon rigoureuse et constante le développement de la chronicité. Certains facteurs ont toutefois été identifiés comme ayant une bonne valeur prédictive de chronicité par les résultats des études scientifiques. Parmi ceux-ci, ont retrouve:

- L'âge
- Le statut d'emploi
- Les attentes de la personne face à son retour au travail
- La pensée catastrophique
- La peur face à la douleur et au mouvement

Il peut arriver que des facteurs d'ordre psychologique, comme la dépression, l'anxiété et la toxicomanie, s'installent chez les patients traités pour une incapacité. Cela ne représente toutefois pas une contre-indication à la participation à un programme de réadaptation, particulièrement en ce qui concerne les programmes basés sur l'activité physique, puisque ceux-ci sont fréquemment utilisés pour traiter ce type de troubles psychologiques.

Dépistage des facteurs de risque

Comme il est difficile de mettre au point un outil de dépistage assez sensible pour retracer le faible pourcentage (1-2%) d'individus qui développeront des symptômes de douleur chronique, quatre facteurs ont été inventoriés comme étant de bons facteurs de prédiction de chronicité, quatre semaines après l'accident:

- L'expérience de la douleur
- L'incapacité perçue par l'individu
- La pensée catastrophique
- La kinésiophobie

Types d'intervention

Les interventions visant à traiter les facteurs de risques psychosociaux liés à la chronicité doivent minimiser le développement de symptômes prolongés ou l'absence prolongée du travail. Dans cette optique, les intervenants auraient comme rôle d'informer la personne accidentée afin de la rassurer sur sa condition, d'aborder les craintes face à la réactivation et de limiter les effets de pensées catastrophiques. Les interventions multidisciplinaires devraient donc être priorisées dans de telles situations, puisqu'elles permettent d'aborder différentes dimensions du problème de façon simultanée.

De plus, l'introduction rapide d'un programme d'exercices thérapeutiques supervisé par un kinésiologue est recommandée, dans le but d'exposer de façon graduelle la personne accidentée à des activités et ainsi combattre l'installation de la kinésiophobie et des peurs d'aggravation de la blessure. Cette méthode a aussi été démontrée comme étant efficace pour réduire la douleur et améliorer l'état fonctionnel de la personne accidentée, lui permettant ainsi de rapidement reprendre le travail et les activités habituelles.

En conclusion, il est primordial de dépister rapidement les personnes à risque de développer des symptômes de douleur chronique et leur offrir un type d'intervention spécifique aux facteurs de risque évalués. L'introduction d'un suivi multidisciplinaire visant à prévenir ou à traiter les cas de kinésiophobie ou de pensée catastrophique reste l'un des meilleurs moyens d'améliorer les chances d'un individu de retourner à ses activités quotidiennes et de retrouver sa capacité fonctionnelle, pour ultimement effectuer un retour au travail le plus rapidement possible.


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