Selon des chercheurs de l'Université de
Montréal, les personnes aux prises avec de la douleur chronique, qu'elle soit
cancéreuse ou non, devraient se protéger contre les effets négatifs du stress.
Une étude publiée dans le prestigieux
journal Brain de l'Université d'Oxford au début de l'année 2013 et signée par
le Dr. Pierre Rainville, P.h.D. en neuropsychologie,
chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de
Montréal (IUGM) et professeur à la Faculté de médecine dentaire de l’Université
de Montréal, et son étudiant, Étienne Vachon-Presseau, doctorant en neuropsychologie,
vient démontrer ce que plusieurs avaient déjà observé.
En
effet, les relations entre une mauvaise gestion du stress, la douleur chronique
et les fonctions de l'hippocampe, organe du cerveau jouant notamment un rôle
important sur la mémoire et dont plusieurs études ont observé une atrophie
suite à une exposition prolongée au stress, sont au cœur de concepts
relativement nouveaux. Plusieurs pensent d'ailleurs que ces liens pourraient
expliquer la persistance de la douleur chronique et les différences
individuelles de son intensité.
Cette
étude a été réalisée sur 16 sujets atteints de lombalgie chronique et 18 sujets
sains, sur lesquels les chercheurs ont évalué quatre facteurs pour ensuite observer
le lien entre eux:
1-
Le taux de cortisol, aussi connu comme l'hormone du stress, dans la salive des
participants;
2-
La douleur ressentie par les participants le jour de l'évaluation;
3-
Le volume de l'hippocampe;
4-
L'activation du cerveau, mesurée par IRM, suite à des stimulations
douloureuses.
Les
résultats obtenus démontrent qu'un hippocampe plus petit serait relié à des
taux de cortisol plus élevés que la moyenne et une réponse plus intense à la
douleur dans une région du cerveau impliquée dans l'anxiété reliée à la
douleur. Les auteurs en concluent donc qu'un volume réduit de l'hippocampe
pourrait être une prédisposition à une réponse exagérée face au stress et donc
au développement de douleurs chroniques. Des interventions visant à enrayer la
douleur chronique d'un individu devraient donc traiter la source de la douleur
par l'entremise d'ateliers de réduction de stress et d'anxiété.
Comme l'activité physique peut être
considérée comme une approche efficace dans le traitement de la dépression et
de l'anxiété de par ses processus physiologiques, biochimiques et
psychologiques, elle ne devrait pas être négligée lors de la prise en charge
d'une personne aux prises avec de la douleur chronique. Le suivi d'un
kinésiologue et l'ajout d'activité physique au quotidien, en plus des
traitements psychothérapeutiques et pharmacologiques, pourraient même devenir les
composantes les plus économiques et les plus efficaces pour le traitement de la
douleur chronique à long terme au sein de la population.
Références
Fondation AlphaGalileo: www.alphagalileo.org/ViewItem.aspx?ItemId=128767&CultureCode=fr
Matos, M.G. de, Calmeiro, L. and Fonseca, D. da. 2009. Effet de l’activité physique sur l’anxiété et la dépression. La Presse Médicale. 38(5): pp.734-739.
Vachon-Presseau, Etienne et al. 2013. The stress model of chronic pain: evidence from basal cortisol and hippocampal structure and function in humans. Brain. 136; 815–827.
Pour en savoir plus
American Psychological Association: www.apa.org
Kino-Québec: www.kino-quebec.qc.ca